Enquête réalisée par Toluna Harris Interactive en ligne du 26 au 28 novembre 2024. Échantillon de 1 051 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 29 novembre,
Tous les mois, Toluna Harris Interactive réalise en partenariat avec LCI un baromètre de confiance politique.
Le calme avant la tempête ?
Alors que la motion de censure pèse au-dessus de la tête de Michel Barnier, la confiance des Français à l’égard du Premier ministre ne faiblit pas. Avec 42% de confiance, Michel Barnier progresse même de trois points et conserve, voire renforce, son socle politique : 81% des sympathisants EPR lui accordent leur confiance comme 70% de ceux LR (+5). L’actuel locataire de Matignon, d’abord perçu comme expérimenté aux yeux de ceux lui accordant leur confiance, comme trop proche d’Emmanuel Macron de la part de ceux ne lui accordant pas, ne semble pas pâtir (d’un point de vue d’opinion) de la tension actuelle.
Assez logiquement, le regard porté sur le chef du gouvernement ruissèle sur l’ensemble des ministres. Dans un contexte où peu sont identifiés, Bruno Retailleau reste le ministre en qui la confiance reste la plus élevée (35%, +2), devant Sébastien Lecornu (33%, +2) ou Rachida Dati (29%, -3). Le ministre de l’Intérieur bénéficie de la confiance notoire de la part des citoyens âgés de 65 ans et plus (47%), d’électeurs proches des Républicains (72%) mais également macronistes (54%). Reste que, quand bien même sa présence médiatique est élevée, près d’un Français sur quatre ne peut se prononcer à son égard.
De son côté Emmanuel Macron pas (encore) en « première ligne » voit à nouveau la confiance à son égard baisser (33%, -2 après une baisse similaire le mois d’avant). Les jugements sur le Président de la République négatifs sont plus nets quelle que soit la proximité politique des personnes interrogées. A titre illustratif, notons que « seuls » 74% des sympathisants EPR accordent leur confiance à Emmanuel Macron. Il s’agit du niveau le plus faible mesuré depuis 2017.
Les sympathisants du Président de la République qui se montrent critiques lui reprochent essentiellement la dissolution, la situation économique (avec une pointe de suspicion : « la dissolution n’aurait-elle pas été décidée au regard de la situation économique qu’on nous aurait cachée ? ») et, en toile de fond, une gestion personnalisée et non concertée du pouvoir.
Hors gouvernement, Édouard Philippe redevient la personnalité politique recueillant le plus de confiance auprès des Français (38%, +4). Le Maire du Havre bénéficie toujours de la confiance de la grande majorité des sympathisants Ensemble (83%, +10) et LR (55%, -8) malgré une tendance à la baisse.
Jordan Bardella, de son côté, enregistre la confiance de 36% des Français (-2). Le Président du Rassemblement National recueille la confiance de 84% des sympathisants de sa famille politique, faisant de lui la personnalité politique recueillant le plus de confiance auprès de cette catégorie de la population derrière Marine Le Pen qui, de son côté, enregistre la confiance de 35% des Français (-2). Alors que le procès relatif aux assistants des parlementaires RN au Parlement européen s’achève et que le réquisitoire a fait l’objet d’une utilisation politique, notons que Marine Le Pen ne semble pas souffrir, d’un point de vue d’opinion, de la situation. Si elle perd deux points de confiance auprès de l’ensemble de la population, notons que plus d’un tiers des Français (35%) déclarent toujours lui accorder leur confiance et qu’une baisse nette n’est avérée auprès d’aucune catégorie de population (un peu les femmes et les personnes âgées de 50 ans et plus -5) et surtout pas chez les sympathisants du Rassemblement National (86%, -1) ni même de ses électeurs de premier tour (83%, -3).
Gabriel Attal voit son niveau de confiance se stabiliser ce mois-ci (32%, -1). Seul candidat à l’élection de la présidence du parti Renaissance, l’ex-Premier ministre apparait comme la deuxième personnalité politique enregistrant le plus haut niveau de confiance auprès de sa famille politique (76%, -2). Gérald Darmanin voit aussi son niveau de confiance rester stable en novembre (29%, +1). A droite, Xavier Bertrand apparait comme la personnalité jouissant du plus haut niveau de confiance auprès des Français (27%, +1) et des sympathisants de sa famille politique (63%, +15). A gauche, Raphaël Glucksmann enregistre la confiance de 27% des Français (stable) et de 73% des sympathisants du PS (+6). Auprès de l’ensemble des Français, il s’établit juste derrière Bernard Cazeneuve (29%, +2). Enfin, Jean-Luc Mélenchon voit sa confiance régresser auprès des Français (14%, -2). Il reste de loin la personnalité recueillant le plus de confiance au sein de sa famille politique mais connait une baisse pour le troisième mois consécutif (62%, -8).
Aussi dans un contexte marqué par des attentes d’actions du gouvernement focalisées sur le pouvoir d’achat (54%) et, dans une moindre mesure, la sécurité (35%) et l’immigration (34%) ; dans ce même contexte où les injonctions peuvent être quelque peu dissonantes (les sympathisants EPR évoquent en premier lieu les déficits publics et la dette, ceux LR l’immigration), le gouvernement doit faire face à deux autres pressions d’opinion : la première l’appelant à mieux tenir compte des aspirations de nos compatriotes (dont nous avons vu qu’elles étaient éparses). A ce titre, on mesure que seuls 31% des Français (-8 points en deux mois) estiment que le gouvernement de Michel Barnier tient compte des souhaits des Français exprimés dans le cadre des élections législatives. La seconde lui échappe pour partie : 53% des Français sont favorables à ce que le gouvernement de Michel Barnier fasse l’objet d’une motion de censure dans le cadre du vote du budget 2025 (on le sait, celle-ci pourrait intervenir à un autre moment). Sur ce dernier point, comme attendu, ce sont déjà les sympathisants LFI qui se montrent les plus favorables au renversement du gouvernement (74%). On le sait, c’est le RN qui permettra ou non qu’une majorité de députés votent cette motion. En l’état actuel de la situation, 59% des sympathisants du Rassemblement National y sont favorables. On voit ici une forme de situation paradoxale : des Français plus critiques à l’égard du Président de la République que du Premier ministre, un Premier ministre à l’égard de qui la confiance ne baisse pas, une situation souvent imputée à Emmanuel Macron et… une motion de censure potentielle accueillie favorablement par une majorité de Français