Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne les 26 et 27 décembre 2024. Échantillon de 2858 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 2 janvier,
Depuis 15 ans en toute fin d’année, Toluna-Harris Interactive et RTL invitent les Français à partager leurs sentiments sur l’année qui vient de s’écouler et la façon dont ils envisagent les 12 mois à venir. Après une année caractérisée en France par l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, mais aussi par la dissolution de l’Assemblée nationale et le retour de l’instabilité gouvernementale (4 Premiers ministres en un an), dans un contexte géopolitique international restant marqué par son lot de guerres et de tensions en tous genres, comment les Français jugent-ils 2024 et entrevoient-ils 2025 ? Quelles sont leurs attentes personnelles et collectives pour les 12 prochains mois ?
Que retenir de cette enquête ?
- Après trois vagues d’enquêtes, de 2020 à 2022, marquées par une perception majoritairement négative de l’année écoulée, principalement en raison de la crise sanitaire du Covid-19 et de ses suites, 2023 avait fait office de « retour à la normale », 51% des Français la jugeant positivement pour eux-mêmes et pour leurs proches, soit un score identique à celui que l’on mesurait fin 2019. Cette nouvelle vague d’enquête montre que l’année 2024 s’inscrit dans cette même tendance à la normalisation, avec un regard proche de celui mesuré il y a 12 mois, en très léger retrait toutefois : 49% des Français estiment que 2024 a été une année positive (-2 points par rapport à l’an dernier) quand 51% la jugent avant tout négative.
De même, ils se montrent un peu moins optimistes pour l’année à venir qu’il y a 12 mois (50%, en baisse de 4 points). Si ce regard contrasté traverse l’ensemble des catégories de la population (les plus jeunes se montrant toutefois plus positifs que la moyenne), notons qu’elles sont toutes concernées par cette légère montée du pessimisme pour l’année à venir.
- Spontanément, que souhaitent les Français pour leur pays en 2025 ? Après des vœux pour 2021 et 2022 marqués par le désir de résolution de la crise sanitaire, le désir de « paix » était au centre des aspirations lors des 2 dernières vagues d’enquêtes (fin 2022 et fin 2023), traduisant notamment l’inquiétude des Français à l’égard d’un contexte anxiogène, notamment sur le plan international (guerre en Ukraine, affrontements au Proche-Orient, etc.). Cette année, ce désir de « paix » reste très important, mais est – bien plus que les années précédentes – accompagné par de fortes attentes à l’égard du « gouvernement » pour 2025, ce qui montre bien à quel point les péripéties politiques de l’année 2024 et l’instabilité gouvernementale ont marqué les esprits. Comme l’année dernière, les thématiques complémentaires qui émergent le plus de manière spontanée concernent le pouvoir d’achat, la sécurité et l’immigration.
- Dans le détail, les domaines d’action que les Français jugent les plus prioritaires pour le gouvernement en 2025 restent identiques à ceux de l’an dernier : le pouvoir d’achat se maintient en tête, quasiment au niveau record atteint l’an dernier (76%, -1 point), devant l’insécurité (73%, +3), le système social (70%, +3), l’éducation (68%, +1) et la lutte contre le terrorisme (66%, -5).
Néanmoins, l’évolution la plus remarquable que l’on peut observer cette année est la très forte augmentation de l’attente d’action à l’égard des déficits publics et la dette, domaine jugé prioritaire par 62% des Français (+16), retrouvant ainsi un niveau que l’on n’avait pas connu depuis plus de 10 ans. Le thème de l’équilibre des comptes publics redevient ainsi un sujet d’inquiétude majeur, porté par l’actualité politique des derniers mois, avec l’accroissement du déficit public en 2024 et les débats sur l’élaboration du budget 2025. Dans ce contexte d’enjeu économique et d’instabilité politique, d’autres préoccupations progressent également de manière nette : la croissance économique (54%, +7), la réforme de la fiscalité (36%, +6) et la réforme des institutions (33%, +5), même si ces deux derniers sujets restent plutôt en bas du classement. On note enfin une très forte progression de la préoccupation concernant le domaine de l’agriculture qui atteint son niveau le plus élevé (59%, +11).
- La tendance des derniers mois est ainsi à la montée des préoccupations d’ordre économique, qui se fait au détriment d’autres thématiques. Au-delà de la lutte contre le terrorisme (qui, malgré sa baisse de 5 points, reste un sujet important d’inquiétude), on peut noter que deux types de domaines sont en léger retrait par rapport à l’an passé. Il s’agit des thématiques environnementales (le dérèglement climatique : 50%, en baisse de 4 points, la transition énergétique : 37%, en baisse de 3 points) et de certaines thématiques sociétales (la fin de vie : 39%, la laïcité : 38%, toutes deux en baisse de 3 points), la lutte contre la Covid-19 devenant quant à elle logiquement de plus en plus marginale (14%, -8 points).
- Si, on l’a vu, les Français se montrent un peu moins optimistes pour l’année à venir qu’il y a un an à la même époque, ce scepticisme se retrouve dans le détail des différents domaines testés. En effet, la plupart de ces derniers enregistrent une certaine baisse de confiance, de l’ordre de 2 à 7 points en moyenne.
Au global presque aucun domaine ne suscite l’optimisme d’une majorité de Français pour l’avenir. Et ceux qui enregistrent les niveaux de confiance relative les plus élevés sont bien souvent des sujets jugés parmi les moins prioritaires, comme la lutte contre la Covid-19 (61% se disent optimistes pour l’année 2025, stable), la culture (50%, stable), la recherche et l’innovation (49%, -6), l’égalité femmes-hommes (46%, stable) et la fin de vie (40%, stable).
En revanche les thématiques que les Français jugent les plus prioritaires se situent souvent en fin de classement, comme le pouvoir d’achat (24%, -3), l’insécurité (27%, +1) et le système social (26%, -3). Et le thème des déficits publics et de la dette, celui au sujet duquel l’inquiétude a le plus augmenté, se situe à la toute dernière place (21%, -3). Si on y ajoute le fait que le chômage (28%, -10) et la croissance économique (26%, -9) sont les thèmes pour lesquels le pessimisme progresse le plus, on voit que les Français abordent 2025 avec des craintes sur le plan économique et social.
- On a pu observer que le pouvoir d’achat reste une inquiétude majeure pour nombre de Français. De fait, 83% d’entre eux se déclarent préoccupés par l’inflation (et même 36% très préoccupés), un score qui reste important malgré une légère baisse de 3 points par rapport à l’an dernier. Il s’explique notamment par le fait que 79% d’entre eux estiment ressentir fortement les effets de cette inflation dans leur quotidien (très fortement : 33%), un indicateur là encore en baisse de 4 points. Des scores élevés et qui continuent de concerner toutes les catégories de la population, y compris les plus aisés.