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Enquête barométrique sur le fait religieux en entreprise – vague 3

Enquête Toluna Harris Interactive pour le CRIF et l’IST

25.03.25

Enquête réalisée en ligne du 11 au 14 février 2025, auprès d’un échantillon de 1155 salariés français (18-
65 ans) travaillant dans des entreprises privées de 100 salariés et plus ou dans le secteur public, issus d’un échantillon de 2 513 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 65 ans. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

Paris, 25 mars,

Depuis 2018, le CRIF et l’IST ont confié à Toluna – Harris Interactive la réalisation d’une étude barométrique sur la manière dont est perçu le fait religieux en entreprise. Il s’agit de la troisième vague d’enquête réalisée sur ce thème et la deuxième auprès de ces publics. L’étude réalisée laisse entrevoir des évolutions des pratiques perçues et des évolutions de l’acceptabilité du fait religieux en entreprise. Tout se passe comme si le « pas de vagues » devait être adopté comme mot d’ordre de la part des salariés.

Télécharger le rapport complet

Que retenir de cette enquête ?

Dès 2018, les dirigeants d’entreprises faisaient part de faits religieux

▪ 18% des dirigeants déclaraient, il y a déjà 7 ans, avoir eu connaissance d’un fait religieux avéré dans leur entreprise.

▪ 9 dirigeants sur 10 excluaient d’effectuer des aménagements d’espaces comme des salles de prière ou de voir se développer des aménagements de travail formels dus à la religion dans leur entreprise.

▪ Leurs réponses préfiguraient les opinions des salariés : en effet, si le fait religieux n’était pas bienvenu dans la vie de l’entreprise, les dirigeants d’entreprise se montraient à l’époque plus ouverts à des aménagements non-formels, gérés au niveau du N+1 du ou des salariés concernés.

Une plus grande acceptabilité du fait religieux en entreprise

▪ Les salariés sont plus favorables que par le passé aux aménagements liés à la pratique religieuse. Dans le détail, si les salariés sont majoritairement opposés aux aménagements pris un par un, dans l’ensemble nous mesurons une évolution au cours des dernières années : +5 pour le port du voile (36%), +6 pour des
aménagements de travail informels en fonction de la religion (35%), +6 également pour des aménagements de travail formels (33%) et même, +3 à des aménagements d’espaces comme des salles de prière (31%)

▪ L’acceptabilité est générationnellement marquée : les jeunes sont non seulement plus favorables aux aménagements, mais surtout y sont nettement plus favorables que par le passé. Ainsi 7 sur 10 sont favorables au port du voile (+16), à des aménagements de travail informels en fonction de la religion (+20) ou formels (+24).

▪ Certaines attitudes religieuses sont mieux acceptées que d’autres. Il s’agit de celles ne donnant pas à voir une exposition publique de sa pratique. En effet, si plus de 7 salariés sur 10 estiment « acceptable » le jeûne pendant les heures de travail (76%), des plats végétariens systématiquement proposés par les restaurants d’entreprise (72%) ou le fait de poser un jour de congés pour raisons religieuses (71%), moins d’un salarié sur deux juge acceptable le fait de refuser de manger avec ses collègues de travail (44%). Ne sont pas considérés comme acceptable (par environ les deux tiers ou plus des personnes interrogées) le
fait de ne pas serrer la main d’une personne d’un autre sexe, de refuser de s’assoir là où une personne d’un autre sexe était précédemment présente, voire le refus d’entrer en contact avec certains clients du
fait de leur genre ou religion.

Une augmentation de la fréquence et perception du fait religieux au travail

▪ 37% des salariés indiquent avoir déjà été confrontés à des faits religieux en entreprise (légère hausse depuis 2021, +2) et 22% estimant qu’il y en plus depuis 5 ans (11% moins).

▪ Quels sont ces faits religieux ? Trois principalement : des signes ostentatoires (30%, -2), des demandes alimentaires (28%, -1) ainsi que des demandes de congés liés à une fête religieuse (26%, -1). Évolue le fait d’être confronté à des personnes priant (21%, +3 points). Il s’agit là du seul point avec une progression
notable.

Des faits religieux dérangeants mais bien gérés par l’entreprise

▪ 66% des salariés concernés déclarent avoir été dérangés par ces manifestations à tel point qu’un tiers indique en avoir parlé avec ses collègues et près d’un quart avec son responsable hiérarchique direct.

▪ La majorité des salariés estime que les situations où ils ont eu connaissance de faits religieux ont été bien gérées par l’entreprise. N’ayons pas un regard uniquement porté vers la majorité : en effet pour près d’un quart des salariés la gestion n’a pas été bonne ce qui laisse augurer des tensions dans ces entreprises.

Le rôle important dévolu aux représentants du personnel et aux entreprises

▪ Près de 2 salariés sur 3 estiment que les représentants du personnel devraient intervenir en cas de fait religieux. Leur rôl principal serait de rappeler le règlement et de favoriser le dialogue pour éviter les
tensions.

▪ De même, s’ils devaient être confrontés à ce type de situation, c’est vers le responsable hiérarchique direct que se tourneraient en premier lieu les salariés signe de l’attente de norme à porter par la structure. Il est à noter qu’en 2021, 40% des salariés n’ayant pas eu connaissance de faits religieux avérés
indiquaient qu’ils ne feraient rien de particulier. Ils sont aujourd’hui moins d’un tiers (32%).

Un impact des évènements internationaux ?

▪ Plus de la moitié des salariés indiquent avoir discuté des événements au Proche-Orient depuis le 7 octobre 2023 dont plus d’un tiers plusieurs fois.

▪ Depuis l’attaque du Hamas, aux alentours d’un quart des salariés indique avoir senti des tensions à ce sujet et même eu des tensions.

▪ Les jeunes, les managers et les représentants du personnel notamment sont plus nombreux à signaler des tensions liées à ces discussions.

▪ Cependant, la majorité des salariés ne pensent pas que ces évènements auront un impact sur les tensions internes dans les mois à venir.

En conclusion
▪ L’acceptabilité du fait religieux en entreprise est en progression, surtout chez les jeunes, bien que les faits religieux restent globalement perçus comme dérangeants par une majorité. La gestion des entreprises est jugée globalement bonne et les discussions autour de ces sujets sont en augmentation. Les
évènements géopolitiques récents ont également eu un impact sur les discussions en entreprise, mais leur effet sur le climat de travail reste limité. Pas nul, limité. Limité, malgré tout, à un quart de la population répondante ce qui est loin d’être à considérer comme une proportion négligeable.