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Le regard des Européens sur les investissements solidaires et durables

Enquêtes menées en ligne et en simultané dans 5 pays d’Europe (Allemagne, France, Italie, Pologne, Suède). 5 échantillons représentatifs de la population nationale de chaque pays, âgée de 18 ans et plus ont été interrogés du 19 au 23 avril 2024. Échantillon total de 6 257 personnes. La représentativité est assurée par la méthode des quotas et par un redressement appliqué aux variables suivantes : sexe, âge, région d’habitation et niveau de revenus (ou catégorie socio-professionnelle dans le cas de la France) des interrogés dans chacun des pays. Chaque pays a ensuite été remis à son poids au sein de l’échantillon global, selon la taille de sa population totale.

Paris, le 16 mai,

À quelques semaines des élections européennes et dans un contexte où les Français évoquent des motivations de vote marquées par le pouvoir d’achat, l’immigration ou encore la santé, l’étude réalisée par Harris Interactive pour l’Agence Française de Développement livre des résultats à certains égards contre-intuitifs. D’une manière générale, les Français interrogés donnent à voir un attachement réel à l’aide internationale même si l’on observe un petit reflux au cours des dernières années. De leur côté, les Italiens font preuve (peut-être s’agit-il de la conséquence de débats politiques marqués) d’une attention plus marquée que les habitants des autres pays dans lesquels l’enquête a été réalisée (Allemagne, Suède, Pologne et France). Nous pouvons également voir que les attentes à l’égard de l’Europe (comme sa légitimité) sont nettes. Dans le détail, quels sont les principaux enseignements de cette enquête ?

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Que retenir de cette enquête ?

  • 7 Français sur 10 déclarent connaître le concept de politique d’aide au développement à l’international, dont 28% déclarent voir précisément de quoi il s’agit. Cette proportion a légèrement diminué depuis une enquête réalisée en 2023 mais reste à un niveau élevé. Si l’on compare les données au niveau européen[1] observons que les Français sont en retrait par rapport à la moyenne des répondants (71% contre 81%) et que l’Italie se distingue (89%).
  • Dans un même élan, l’intérêt pour les questions d’aide au développement international progresse chez les Français (0,2 point en un an, avec une note moyenne de 5,6). Reste que ce sur point également, les réponses de nos compatriotes sont moins nettes que celles des habitants des autres pays.
  • Peut-être que le facteur informationnel joue un rôle : c’est en France que l’on va se déclarer moins bien informé tant de la politique menée par son pays (43% contre 54% des Européens) que de celle de l’UE (37% contre 49%).
  • 66% des Français se déclarent favorables à ce que la France soutienne les pays en développement. Cette proportion, élevée dans l’absolu au vu des sujets de préoccupation des Français, baisse cependant notablement depuis 2023 (-9 points) et même de 13 points en 5 ans. Sur cet aspect également les réponses des Français sont plus timorées que celles des habitants des autres pays et notamment de l’Italie (87% favorables) ; il est notable que dans l’ensemble, les attentes des citoyens à l’égard de l’UE sont non seulement nettes mais surtout plus élevées qu’à l’égard de leur propre pays. 73% des Européens se déclarent favorables à ce que leur pays soutienne ceux en développement, 78% apportent la même réponse lorsqu’il s’agit de l’UE.
  • Peut-être faut-il y voir la conséquence d’une opinion assez largement partagée : aux yeux d’une majorité d’Européens (72%), les réponses aux défis du monde doivent impliquer tous les pays collectivement plutôt qu’être gérées indépendamment par chaque pays. Certains sujets apparaissant transnationaux, c’est à un collectif d’agir prioritairement, semblent-ils dire.
  • Et pour cause, 80% des Européens estiment que ce qui se passera dans les pays en développement aura un impact sur leur vie. Les conséquences anticipées sont plutôt négatives (47%) que positives (33%), une tendance encore plus marquée chez les Français et les Allemands que dans les autres pays interrogés.
  • Derrière la notion générale d’aide internationale, différentes politiques publiques peuvent être envisagées. Et si l’on prend le « top 3 », nous pouvons identifier des assignations différentes selon les nations. En France, on évoque en priorité l’élimination de la faim sur terre, l’accès aux soins de santé ainsi que l’accès à l’eau et à une bonne hygiène. L’élimination de la faim sur terre est évoquée prioritairement par l’ensemble des européens hormis les Suédois. Et le fait de favoriser la paix et la justice s’avère davantage exprimé par les Allemands, les Italiens et les Suédois. On le voit, derrière une politique publique de principe peuvent se cacher différentes applications concrètes.
  • De même, on attend des responsables politiques qu’ils agissent sur différents points, que ce soit la lutte contre la traite des êtres humains, le soutien aux communautés et régions touchées par les déplacements forcés, la création d’emplois et d’entrepreneuriat dans les pays en développement, l’aide aux populations les plus vulnérables à subvenir à leurs besoins, l’aide à l’appui des gouvernements dans l’élaboration de leur politiques migratoires voire l’aide aux populations locales à s’adapter au changement climatique. Sur ces différents points si la hiérarchie est assez similaire dans chacun des pays, remarquons – à nouveau – des réponses plus mesurées en France que dans les autres pays et notamment l’Italie.
  • Lorsqu’ils dressent un bilan sur la question, 47% des Français estiment que le soutien de la France aux pays en développement est efficace (+6 points en un an, + 14 en trois ans) même si, là encore, nos compatriotes sont légèrement moins positifs que les habitants des autres pays. Dans le détail, les investissements faits dans le cadre du développement des pays du Sud apparaissent efficaces aux Européens (ou au moins la moitié d’entre eux), qu’il s’agisse des investissements nationaux ou de ceux de l’UE. Ils apparaissent particulièrement efficaces en ce qui concerne le rôle du pays à l’international, les enjeux de santé mondiale, la protection de la planète, les enjeux de sécurité internationale, mais moins nettement (49% de réponses positives) en ce qui concerne l’économie du pays ou encore les migrations au niveau mondial. Les Français étant plus circonspects que la moyenne des Européens concernant ces deux derniers points. Notons que, dans l’ensemble, le jugement sur l’efficacité de l’action apparaît similaire que l’on parle de celle du pays ou de l’Europe. Une seule différence est à relever : si 49% des Européens estiment que les conséquences sont positives pour l’économie de leur pays, cette proportion croît à 55% concernant l’économie des pays de l’UE.
  • Enfin, deux acteurs ressortent pour agir de manière significative pour changer le monde positivement : les organisations internationales et les citoyens – autrement dit, le supranational et la grande proximité. En France, on attend, un peu plus qu’en Europe, les responsables politiques et les associations/ONG.

On le voit, le soutien à l’aide au développement – même s’il fléchit quelque peu – reste net aussi bien en France que dans le reste de l’Europe. Quand bien même les difficultés économiques (incarnées par le pouvoir d’achat) sont fortes en Europe, quand bien même il est souvent fait référence soit à la gabegie, soit à la corruption limitant les effets de l’aide internationale, les personnes interrogées ne remettent pas en cause ces actions ni sur leur principe ni sur leur efficacité perçue. On le voit, enfin, l’UE apparait comme un acteur important et crédible. Les citoyens des différents pays interrogés relaient l’idée selon laquelle une action collective peut être efficiente.

Lorsque nous utiliserons ce terme, nous renverrons à la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et la Suède.

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