Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 27 mars au 2 avril 2024 auprès d’un échantillon de 2 058 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération d’habitation de l’interviewé(e)
Paris, le 22 juillet,
L’Office français de la biodiversité réalise un baromètre sur le lien des Français avec la biodiversité. Alors que l’environnement et le réchauffement climatique font partie des toutes premières préoccupations de la société, les Français sont-ils familiers du concept de biodiversité ? Comment se le représentent-ils ? Dans quelle mesure sont-ils conscients de la perte de biodiversité mesurée au cours des dernières décennies partout dans le monde, et à qui attribuent-ils cette érosion ? Dans quelle mesure sont-ils enclins à se mobiliser pour agir en faveur de la biodiversité et par quels leviers peut-on les faire s’engager davantage ?
Pour répondre à ces différentes questions, plus de 2 000 personnes ont été interrogées, dans un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. L’étude a été réalisée selon une méthodologie identique aux vagues précédentes du baromètre, permettant de mesurer l’évolution des sensibilités et des représentations sur la biodiversité depuis les premières mesures du baromètre, en 2018.
Que retenir de cette enquête ?
Une familiarité avec la notion de biodiversité qui progresse au fil des ans
Loin d’être une notion inconnue des Français, la biodiversité fait désormais partie du langage courant. La quasi-totalité de la population indique en avoir déjà entendu parler, et pas moins de la moitié pensent même savoir précisément ce dont il s’agit. Ce sentiment de bien connaître le concept de biodiversité va croissant depuis la première mesure en 2018 (+15 points en 6 ans). On note néanmoins que la génération des 15-24 ans exprime légèrement moins que les autres ce sentiment de bien connaître la notion (44% chez eux vs. 52% en moyenne).
Dans les faits, les Français montrent une connaissance relativement bonne de la biodiversité, qu’ils définissent spontanément comme « l’ensemble des êtres vivants », « la faune et la flore », ou encore « la richesse des milieux naturels ». Aussi, l’idée que l’être humain fait partie de la biodiversité semble de plus en plus reconnue (75%, en hausse de 3 points par rapport à 2022).
Le plus souvent, les Français indiquent avoir entendu parler de la biodiversité à la télévision, nettement devant les autres sources d’information. Le bouche-à-oreille apparaît également comme une source fréquemment citée. Concernant la presse, on mesure des niveaux similaires pour la presse en ligne et la presse papier. Néanmoins, ces mesures d’ensemble masquent de grandes différences selon l’âge : si la télévision reste encore aujourd’hui le premier vecteur cité chez toutes les tranches d’âges, les générations les plus jeunes mentionnent davantage le bouche-à-oreille ou les recherches personnelles que la moyenne des Français.
L’érosion de la biodiversité, de plus en plus attribuée à l’activité humaine
Sensibilisés à la notion de biodiversité, les Français ne sont néanmoins pas tous conscients de son érosion au cours des dernières décennies. 60% d’entre eux estiment que celle-ci s’est dégradée sur la période des 30 dernières années à l’échelle mondiale, quand 36% pensent au contraire qu’elle s’est développée. Le jugement est plus complexe encore à l’échelle de la France, 54% estimant qu’elle a perdu en biodiversité, 42% qu’elle a en gagné. Les Français paraissent donc relativement partagés sur la question, et seule une courte majorité d’entre eux se montrent conscients du recul de la biodiversité. Il n’est pas exclu que les progrès observés au cours des dernières années dans la sauvegarde de certaines espèces et l’attention portée au maintien de certains milieux ait pu amener certains à croire à tort à une amélioration de la situation sur la question.
Néanmoins, après une mise à niveau sur le recul de la biodiversité, les Français attribuent massivement ce recul à l’activité humaine (78%) plutôt qu’à la nature (15%). Ce rôle de l’humanité est nettement davantage reconnu qu’il y a 2 ans (+12 points).
Les principaux facteurs de perte de biodiversité sont bien identifiés comme tels par les Français, même si ceux-ci peinent à les hiérarchiser : notées à plus de 8/10 en termes d’impact sur la biodiversité, la pollution, la destruction des milieux naturels et la surexploitation des ressources naturelles apparaissent toutes les trois comme des facteurs très importants de ce phénomène. Le changement climatique global et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes enregistrent également des notes supérieures à 7/10, indiquant qu’aux yeux des Français, tous ces phénomènes sont au moins en partie corrélés.
Une préoccupation qui s’intensifie sans aller jusqu’au fatalisme
Aujourd’hui, les Français sont largement convaincus de l’impact de la biodiversité sur leur propre vie quotidienne et sur leur avenir. 86% d’entre eux estiment que leur quotidien et leur avenir sont dépendants de la biodiversité, dont plus d’1/4 « très dépendants ». Des chiffres similaires à ceux mesurés en 2022 mais nettement plus élevés qu’en 2018 – comme si une bascule avait eu lieu entre 2018 et 2022, au tournant de la crise sanitaire. Convaincus du lien entre la biodiversité et leur propre quotidien, les Français sont donc concernés personnellement par l’état de la biodiversité pour une majorité d’entre eux (88%, dont 36% « très concernés »). Ce niveau de préoccupation étant nettement plus élevé qu’en 2018, quand « seulement » 24% de la population se disait « très concernée ». Les Français anticipent que la perte de biodiversité peut conduire à un changement drastique dans la qualité de vie des générations futures (66%), et projettent des difficultés concrètes : on craint notamment des difficultés d’accès à l’eau et des déplacements de population, du fait de l’inhabitabilité de certains territoires.
Néanmoins, et les Français sont quasiment unanimes sur ce point, il est encore possible d’agir à leurs yeux. Loin d’être fatalistes, 87% d’entre eux estiment qu’il est encore temps d’agir quand seuls 12% jugent qu’il est trop tard pour le faire – un chiffre relativement stable par rapport aux précédentes mesures. Aussi, le sentiment d’urgence s’est renforcé : 49% des Français estiment qu’il est crucial de se mobiliser pour la protection et la restauration de la biodiversité (+6 points vs. 2022).
Si les Français sont unanimes sur la nécessité d’agir, ils le sont moins quand il s’agit d’identifier les acteurs qui doivent se mobiliser : sont cités en premier le gouvernement, les citoyens et les grandes entreprises – qui constituent également le podium des plus grands responsables de la perte de biodiversité aux yeux des Français. Notons que les attentes sont un peu plus fortes auprès du gouvernement qu’auprès des grandes entreprises alors même que ces dernières sont davantage perçues comme responsables de la perte de biodiversité.
De la préoccupation à l’action : quels leviers ?
Préoccupés par l’état de la biodiversité et son impact sur leur vie personnelle, les Français sont également enclins à agir pour la préserver, à leur niveau individuel. Les principaux gestes consentis résident dans les efforts pour consommer moins et mieux au quotidien, à commencer par l’attention portée au gaspillage (89%). Acheter moins en général, faire ou réparer des choses soi-même plutôt que les acheter ou les remplacer, sont des réflexes rapportés par plus des 2/3 de la population. On évoque aussi des efforts dans le domaine des transports (prendre des transports doux plutôt que la voiture, moins prendre l’avion), et l’alimentation : 57% indiquent manger moins de viande, et 45% déclarent consommer le plus possible des aliments bio. En revanche, les gestes de soutien à des structures favorisant la biodiversité sont moins souvent cités : dons à des associations de protection de la nature, choix d’une banque éthique et écologique, investissement dans la finance verte, bénévolat auprès des élus… ne sont pas encore des réflexes répandus chez les citoyens.
Pour engager davantage les citoyens dans la lutte pour la biodiversité, plusieurs moyens sont possibles. Encore très attachés à la télévision, les Français se disent particulièrement sensibles aux campagnes de communication télévisuelles (48%), plus qu’à des articles dans la presse (24%) ou des posts sur les réseaux sociaux (24%, mais 51% chez les 15-24 ans). Ils attendent en premier lieu des recommandations sur les actions individuelles qu’ils peuvent mettre en place à leur niveau. Dans une moindre mesure, recevoir de l’information scientifique et des incitations financières sont également jugés utiles. Loin de désigner un seul levier possible, les Français se montrent donc ouverts à une variété d’incitations et actions.
Greenpeace et WWF en tête des organismes les plus connus, l’OFB reste en retrait mais bénéficie d’une image toujours aussi favorable
Invités à citer les organismes œuvrant pour la biodiversité qu’ils connaissent, 42% des Français sont capables de citer au moins un nom – un chiffre minoritaire mais en progrès par rapport à 2022 (+3 points). Les organismes les plus spontanément cités sont WWF et Greenpeace. Notons néanmoins que même eux ne sont pas connus de plus de 2/3 de la population lorsqu’on les présente dans une liste (notoriété assistée) : à l’heure actuelle, aucun acteur n’est donc unanimement identifié par les Français dans le domaine de la protection de la biodiversité. La notoriété de l’OFB a quant à elle légèrement augmenté par rapport à 2022, passant de 18% à 22%.
Chez ces 22% qui indiquent connaître l’OFB au moins de nom, la plupart avouent mal connaître l’organisme (61%). Une personne sur 2 l’identifie comme étant un établissement public, quand les autres l’identifient à tort comme une ONG (18%), une association (9%), une fondation (8%) ou encore une société privée (4%). Certaines missions sont mieux identifiées (protection et gestion des espaces et des espèces, compréhension du fonctionnement des écosystèmes) que d’autres (délivrance du permis de chasser).
Quoiqu’il en soit, l’OFB bénéficie auprès de ceux qui le connaissent d’une image largement favorable, qui s’est même améliorée depuis 2022 (82% de bonne image, +6 points). On lui reconnaît notamment son utilité et sa légitimité, ainsi que sa capacité à agir en faveur de l’intérêt général. Ceux qui le connaissent accordent à l’OFB une confiance quasiment sans réserve : 85% indiquent lui faire confiance pour mener à bien ses différentes missions (+8 points vs. 2022), dont 27% « tout à fait confiance ».
Si la légitimité et l’utilité de l’OFB font peu débat, sa proximité avec les citoyens semble nettement moins évidente. Invités à identifier les évolutions souhaitables pour l’avenir de l’OFB, les Français mentionnent prioritairement une meilleure visibilité auprès du grand public et davantage de communication sur la biodiversité et les recommandations pour agir. Ils encouragent également un meilleur accompagnement des entreprises et collectivités permettant à ces organismes de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de la biodiversité. Des attentes qui se concentrent donc davantage sur une meilleure communication que sur un renforcement de l’expertise de l’OFB (déjà largement reconnue).