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Les Français et la recherche

Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne les 17 et 18 août 2021. Échantillon de 1 087 personnes représentatif de la population française âgées de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l’interviewé(e).

Quel regard portent les Français sur la recherche fondamentale ? Ont-ils le sentiment de bien la connaître ? Comment perçoivent-ils son financement ? 

Paris, le 28 septembre 2021,

Taux de reproduction, immunité collective, tests PCR ou antigéniques, vaccin à ARN messager… Depuis le début de la crise sanitaire, le débat public français s’articule largement autour de concepts scientifiques qui étaient quasi-invisibles pour le grand public avant le début d’année 2020. Dans ce contexte, la Fondation Bettencourt Schueller a mandaté Harris Interactive pour interroger le regard porté aujourd’hui par les Français sur la recherche scientifique de façon générale : comment situent-ils la recherche française dans le paysage mondial ? Se sentent-ils suffisamment informés sur les sujets scientifiques ? Quels jugements portent-ils sur le financement de la recherche ?

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Que retenir de cette enquête ?

La France reste perçue comme une puissance scientifique majeure au niveau mondial et l’idée d’un déclin ne fait pas consensus
  • Les Français se plaisent à penser que la recherche scientifique française joue aujourd’hui un rôle important dans le monde : empreint d’une certaine fierté nationale, ce postulat est partagé par 83% du grand public, dont un tiers (32%) vont même jusqu’à considérer que la recherche française occupe une place « très importante » au niveau mondial.
  • Qui plus est, les Français sont loin de tous identifier un déclin dans le rôle mondial de la France. Certes, 30% estiment que celui-ci est moins important aujourd’hui qu’il y a quelques années – un regard rétrospectif davantage partagé que la moyenne par les seniors (34%) et par les personnes issues des catégories supérieures (39%). Mais 25% du grand public estime que cette influence française est restée plutôt stable, quand 44% des Français considèrent que même le poids de la recherche française a progressé.
  • La minorité de Français qui identifient un recul de la recherche scientifique française associent clairement deux causes principales à ce déclin : la fuite des cerveaux à l’étranger d’une part (69%) et l’insuffisance des moyens consacrés à la recherche française d’autre part (67%).
  • En revanche, lorsqu’il s’agit d’identifier les points de force de la recherche scientifique française, aucun ne se démarque nettement. 41% des Français citent le lien entre la recherche et les systèmes universitaire et hospitalier, 36% le niveau scientifique dans l’enseignement supérieur, 35% la liberté du choix du domaine de recherche, 30% pour la sécurité de l’emploi ou encore les conditions de travail des chercheurs. Seuls 20% citent le niveau de rémunération des chercheurs.
La crise de Covid-19 a renforcé certaines incertitudes des Français au sujet de la recherche
  • Spontanément, 68% des Français déclarent bien voir en quoi consiste la recherche scientifique fondamentale. Toutefois, cette majorité apparente masque une faible intensité des réponses : seuls 14% des Français affirment « très bien » voir en quoi consiste la recherche scientifique fondamentale.
  • Après avoir été exposés à une définition succincte de la recherche fondamentale[1],  les Français expriment à son égard une confiance quasi-unanime pour produire du savoir permettant de mieux répondre aux grands enjeux à venir :  87% du grand public fait part de cette confiance, même si seulement un quart d’entre eux (25%) vont jusqu’à affirmer faire « tout à fait confiance » aux scientifiques en recherche fondamentale.
  • Cette confiance s’exprime en dépit de la crise sanitaire de Covid-19, qui a pourtant eu un impact sur les représentations : 53% des Français affirment que la crise a changé leur perception de la recherche fondamentale scientifique. Toutefois, quand on interroge cette moitié de Français sur les changements occasionnés, cet impact s’avère hétérogène :  d’un côté, le soutien à la recherche fondamentale constitue désormais une préoccupation plus nette (jugée plus importante qu’avant par 30%) ; de l’autre, les Français ont davantage pris conscience de l’incertitude en matière scientifique (29% estimant que les chercheurs devraient être plus prudents, 28% qu’ils peuvent être en désaccord).
Pour autant, les Français souhaitent voir les chercheurs davantage occuper le devant de la scène politique et médiatique
  • Autre impact indirect de la crise sanitaire ? L’idée que les chercheurs doivent occuper un rôle important dans le débat public est désormais quasi-unanime, partagée par 88% des Français. Et cet impact pourrait s’exprimer dans de multiples rôles. Première facette, dans un esprit de pédagogie : les chercheurs sont attendus pour s’exprimer publiquement sur les sujets de santé publique (78%) et pour contribuer à éduquer et informer la population sur les enjeux scientifiques (86%). Mais une seconde facette apparaît, davantage politique : il s’agit de conseiller les pouvoirs publics sur les enjeux de santé publique (87%), voire de participer directement à l’élaboration des politiques de santé publique (88%). Sur ces deux derniers objectifs, une majorité absolue de Français estiment même qu’il devrait s’agir d’un rôle prioritaire des chercheurs.
  • En cohérence avec ces attentes renforcées à l’égard des chercheurs, les Français ont aussi le sentiment qu’on ne parle pas assez de la recherche fondamentale en France aujourd’hui. Ce sentiment est partagé par 71% d’entre eux, et une proportion quasi-identique (69%) estime logiquement qu’il faudrait à l’avenir davantage parler de ce sujet.
  • Plus largement, les Français adhèrent massivement à des affirmations valorisantes sur la recherche française : « il faudrait donner plus de chances aux chercheurs de mener leurs recherches » ; « nous avons besoin d’une recherche forte en France » ; « notre société devrait davantage penser à long terme » ; « il est nécessaire de créer des passerelles entre recherche fondamentale et recherche clinique / entre recherche publique et recherche privée », etc. À chaque fois, environ 9 Français sur 10 se déclarent d’accord avec ces affirmations – et les seniors se montrent particulièrement unanimes.
La recherche fondamentale est aujourd’hui identifiée comme disposant de moyens insuffisants : de multiples acteurs sont attendus pour agir à l’égard de ce manque financier jugé critique
  • Aujourd’hui, une nette majorité de Français estiment que la recherche fondamentale dans notre pays dispose de moyens insuffisants. Ce diagnostic est partagé par 69% des Français, quand seulement 20% considèrent que les moyens consacrés sont adaptés (et 11% qu’ils sont excessifs).
  • Or, les Français établissent un lien direct entre financement de la recherche et santé publique : si le financement de la recherche scientifique baissait à l’avenir, 52% des Français estiment que la santé de la population française se dégraderait et 43% estiment même que leur propre santé pourrait être affectée.
  • Par conséquent, les Français s’accordent très majoritairement à souhaiter une augmentation des moyens matériels et financiers dédiés à la recherche fondamentale : 84% adhèrent à ce principe, dont 38% estimant même qu’il s’agit d’une priorité. Plus précisément, cette attente d’augmentation des moyens s’exprime à de multiples niveaux : 82% appellent de leurs vœux une amélioration des équipements des laboratoires, 72% la création de nouveaux instituts de recherche, 71% la création d’enveloppes à usage libre pour les chercheurs, ou encore 68% une augmentation des salaires des chercheurs.
  • Pour subvenir à cette augmentation de moyens, divers acteurs sont appelés par les Français à mettre la main à la poche. Les pouvoirs publics figurent au premier rang des contributeurs attendus, via l’État (93%, dont 76% estimant qu’il doit jouer un rôle prioritaire) mais aussi via l’Union européenne (91%, dont 69% prioritaire), tandis que les collectivités territoriales sont attendues à un rôle plus secondaire (84%, dont 37% prioritaire). En parallèle, le secteur privé est également identifié parmi les financeurs majeurs que l’on souhaite à la recherche, que ce soit par les fondations privées (91%, dont 46% prioritaire) ou par les entreprises (85%, dont 41%).

[1] « La recherche fondamentale a pour principal objectif la production de savoir et la compréhension des phénomènes naturels. En sciences de la vie et de la santé, il s’agit notamment de comprendre les mécanismes du vivant : le fonctionnement de l’organisme humain bien sûr, mais aussi celui de tous les autres organismes avec lesquels il interagit. »

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