Enquête réalisée en ligne les 24 et 25 février 2016. Échantillon de 1 182 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Le 9 mars 2016, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, doit présenter en conseil des ministres son projet de loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs ». L’avant-projet de loi, actuellement au Conseil d’État, a été publié dans la presse et a suscité de nombreuses réactions négatives, y compris au sein du Parti socialiste. À la demande de 20 Minutes, Harris Interactive a interrogé les Français afin de connaître leurs réactions à ce texte. De plus, suite à sa prise de position publique en opposition aux mesures envisagées, Harris Interactive a souhaité mieux comprendre l’image de Martine Aubry aux yeux des Français dans ce contexte.
Que retenir de cette enquête ?
- Cette enquête montre le faible soutien dont bénéficie la « réforme El Khomri » (seulement 30% des Français favorables, à peine 31% parmi les sympathisants socialistes), notamment en raison de la faible efficacité anticipée. Dans ce contexte, ils expriment en parallèle des doutes quant à la capacité de Martine Aubry à mener une politique permettant de réformer le pays dans le bon sens, une opinion partagée également par la moitié des sympathisants socialistes.
- Lorsqu’ils sont interrogés sur le projet de loi dans son ensemble, les Français affichent majoritairement des doutes quant à son efficacité, aussi bien pour améliorer la situation économique des entreprises (inefficace pour 49% d’entre eux), que pour réduire le chômage (68%) ou plus encore pour améliorer les conditions de travail des salariés (72%). Notons que seuls les sympathisants de la Droite et du Centre estiment davantage que la moyenne que ces mesures seront efficaces, bien qu’à des niveaux limités (moins d’1 sur 2 le considèrent lorsqu’il s’agit de la réduction du chômage et l’amélioration des conditions de travail).
- Appelés à s’exprimer sur différentes propositions présentes dans la « réforme El Khomri », les Français se montrent majoritairement favorables à l’assouplissement des règles d’organisation des référendums d’entreprise (65%, dont 29% tout à fait favorables). À l’inverse, ils affichent leur opposition à l’autorisation des entreprises à négocier elles-mêmes le niveau de rémunération des heures supplémentaires (39% favorables et 56% opposés), à la facilitation des licenciements pour motifs économiques (37% favorables et 58% opposés) et à la réduction du montant maximum des indemnités attribués par les tribunaux en cas de licenciement abusif (27% favorables et 68% opposés). Une nouvelle fois, les sympathisants de la Droite et du Centre affirment davantage être favorables à ces différents principes, alors que les sympathisants de Gauche sont plus réservés.
- Dans l’ensemble, 3 Français sur 10 se disent favorables à la réforme (dont 8% tout à fait favorables), quand 60% affirment y être opposés (dont 30% tout à fait opposés). Dans le détail, les plus jeunes (70% des moins de 35 ans, 65% des 35-49 ans) et les catégories populaires (72%) comptent parmi les catégories les plus opposées au projet gouvernemental. Notons également que les sympathisants socialistes (62%), du Front de Gauche (89%) et du Front National (79%) partagent majoritairement la même opinion.
- Le 23 février 2016, le Premier ministre, Manuel Valls, a défendu la réforme portée par sa ministre du Travail, et a indiqué qu’en cas de difficulté à réunir une majorité sur le texte au Parlement, l’éventuel recours au « 49-3 » n’était »pas la question essentielle ». Néanmoins interrogés sur cette option, les Français se prononcent très nettement en défaveur du recours à cet article de la constitution qui obligerait les parlementaires à choisir entre l’adoption du texte ou la démission du gouvernement : 67% s’y disent opposés (contre 27% qui pensent que le Premier ministre devrait y avoir recours). Cette opposition s’avère aussi importante, sinon davantage, auprès des sympathisants de Gauche (75%), y compris socialistes (70%).
- Dans ce contexte, et alors qu’elle a pris la parole publiquement le 24 février 2016 afin d’exprimer son désaccord avec la politique du gouvernement, Martine Aubry dispose de 36% de bonnes opinions (4% très bonnes opinions), contre 59% de mauvaises (27% très mauvaises). Cette posture positive est particulièrement adoptée par les proches du Front de Gauche (80%), et dans une moindre mesure parmi les sympathisants socialistes (57%). Notons néanmoins qu’elle ne fait pas l’unanimité des personnes opposées à l’avant-projet de loi « El Khomri » : seulement 45% d’entre eux indiquent avoir une bonne image de Martine Aubry, dans les heures qui ont suivi sa prise de parole sur le texte.
- Dans le détail, la maire de Lille est perçue majoritairement comme sachant faire preuve d’autorité (58% des Français jugent que cela lui correspond bien), principalement parmi les sympathisants de Gauche (plus de 70%), mais également par les proches des formations de Droite et du Centre (62%), et comme une personnalité courageuse (53%). À l’inverse, les Français doutent de sa capacité à pouvoir réformer le pays dans le bon sens (30%, et 50% parmi les sympathisants socialistes). Notons également que les sympathisants du Front de Gauche et du Parti socialiste se montrent partagés quant à la capacité de l’ancienne Première secrétaire de la rue de Solferino à faire une bonne candidate pour la Gauche à l’élection présidentielle de 2017 (respectivement 53% et 49%) ou même une bonne Présidente de la République (respectivement 52% et 49%). De façon transversale, soulignons enfin qu’aux yeux des électeurs de François Hollande au 1 tour de l’élection présidentielle de 2012, Martine Aubry est perçue de façon plus positive que l’actuel Président de la République sur la quasi-totalité des qualificatifs testés, tout particulièrement en matière d’autorité (75% pour Martine Aubry, 46% pour François Hollande), sauf en termes de sympathie (54% pour Martine Aubry, 77% pour François Hollande).