Enquête réalisée en ligne du 8 au 10 avril 2025. Échantillon de 1068 personnes représentatif de la population Française âgé de 18 ans et plus, dont 946 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 14 avril,
Toluna Harris Interactive lance, pour CommStrat et l’Opinion, un baromètre de suivi du potentiel électoral de différentes personnalités jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Ce dispositif de suivi vise à identifier les dynamiques d’opinion en faveur de diverses personnalités politiques ou non dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.
Nota Bene : Le potentiel électoral ne constitue nullement une intention de vote. Il reflète avant tout la possibilité de voter pour une personnalité mais ne donne pas d’indication sur la transformation effective en vote à l’issue de la campagne. Le moment du vote constitue un choix dans le cadre d’une offre définie et concurrentielle. Ici, les personnes interrogées étaient invitées à répondre favorablement ou défavorablement à chacun des noms leur étant proposés.
Que retenir de cette enquête ?
Jordan Bardella, Marine Le Pen et Edouard Philippe bénéficient du plus haut potentiel électoral
A deux ans, théoriquement, de la prochaine élection présidentielle, les deux principales figures du Rassemblement National – Marine Le Pen et Jordan Bardella – sont les personnalités politiques possédant le plus fort potentiel électoral : respectivement 37% et 36% des Français déclarent qu’ils pourraient voter pour eux. Soulignons que moins de deux semaines après la condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires européens[1], un cinquième des Français déclare même certainement pouvoir voter pour eux (19% pour les deux).
Edouard Philippe se situe à un niveau similaire (35%), suivi par Bruno Retailleau (30%), Gabriel Attal (29%) et Gérald Darmanin (26%). Dans l’ensemble, ce sont essentiellement des personnes très à droite, à droite et au centre sur l’échiquier politique qui se retrouvent « en haut » du classement. Première personnalité de gauche mais seulement à la 7 position (derrière les personnalités du centre, de droite et d’extrême-droite), Raphaël Glucksmann bénéficie d’un potentiel électoral s’élevant à 24% et devance, à gauche, Bernard Cazeneuve (22%). Les autres principales figures de l’opposition de gauche se situent pour l’heure à des niveaux moins élevés : François Ruffin (19%), Fabien Roussel (18%), Olivier Faure (16%), Jean-Luc Mélenchon (14%) et Marine Tondelier (12%).
Les deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy (21%) et François Hollande (20%), maintiennent un socle électoral, tout comme la candidate PS de 2007 Ségolène Royal (18%).
Alors que se déroule la campagne pour la présidence de la formation politique Les Républicains (auprès de militants), Bruno Retailleau dispose d’un potentiel de vote à la présidentielle plus élevé que Laurent Wauquiez : 30% indiquent qu’ils pourraient voter pour le ministre contre 16% pour le député.
Enfin, la singularité de l’approche de cette étude réside dans sa capacité à tester l’appétence des Français pour des personnalités extérieures au monde politique. Ainsi, 20% de Français pourraient envisager de voter pour Michel-Edouard Leclerc, 14% pour Tony Estanguet ou Laurent Berger, ou encore 11% pour Cyril Hanouna.
Les sympathisants des différentes formations politiques répondent à des logiques différentes. Les proches de La France Insoumise soutiennent très largement leur candidat putatif Jean-Luc Mélenchon (85%), au même titre que les proches du Rassemblement National se tourneraient vers Marine Le Pen (93%) et Jordan Bardella (89%).
Les proches de Renaissance pourraient voter autant pour Edouard Philippe (68%) que Gabriel Attal (66%), mais une part d’entre eux pourraient également soutenir des candidats issus d’autres formations politiques tels Bernard Cazeneuve (41%) ou Bruno Retailleau (36%).
Si les sympathisants des Écologistes se dirigent avant tout vers Yannick Jadot (57%), leur soutien est moins marqué et leurs votes potentiels se dirigent également vers des personnalités issues d’autres formations politiques : François Ruffin (36%), Raphaël Glucksmann (34%) ou François Hollande (33%) disposent ainsi d’un meilleur potentiel de vote que Marine Tondelier (27%)[2].
Les sympathisants des autres formations politiques diluent davantage encore leur soutien : ceux du Parti socialiste pourraient voter Raphaël Glucksmann (66%) mais aussi François Hollande (53%) ou Benoît Hamon (47%). Les proches des Républicains, s’ils indiquent avant tout voter Bruno Retailleau (65%), puis Édouard Philippe (58%), à un niveau supérieur à d’autres personnalités comme Xavier Bertrand (48%) ou Laurent Wauquiez (46%). Notons qu’1/3 d’entre eux pourraient également apporter leur voix à Jordan Bardella (36%).
Les potentiels électoraux de Marine Le Pen et de Jordan Bardella sont poreux.
Nous nous sommes plus particulièrement intéressés dans cette première vague aux potentiels électoraux de Jordan Bardella et Marine Le Pen, moins de deux semaines après la condamnation de Marine Le Pen et 8 autres anciens eurodéputés RN, et la peine d’inéligibilité de 5 ans prononcée à l’encontre de cette dernière en première instance.
Ces deux personnalités réunissent une proportion similaire de Français déclarant pouvoir voter pour eux (37% pour Jordan Bardella et 36% pour Marine Le Pen) et disposent tous les deux du potentiel de vote le plus élevé parmi les candidats testés. Plus généralement leurs potentiels se recoupent nettement : au global 31% des Français indiquent qu’ils pourraient voter indifféremment pour Marine Le Pen et pour Jordan Bardella. Inversement, seuls 5% des potentiels électeurs de Marine Le Pen ne pourraient pas voter pour Jordan Bardella, et la même proportion des électeurs de Jordan Bardella ne porteraient pas leur voix vers Marine Le Pen.
Dans le détail le profil des potentiels électoraux de Marine Le Pen et de Jordan Bardella est relativement semblable, les personnalités du RN les plus identifiées rassemblant de potentiels électeurs aux profils tout à fait similaires : 35% des hommes et 38% des femmes pourraient voter pour Marine Le Pen contre 37% (dans ces deux catégories) pour Jordan Bardella, 39% des 18-24 ans indiquent pouvoir voter pour la présidente du groupe RN à l’Assemblée contre 35% pour le président du RN… Que ce soit en termes de sexe, d’âge ou de catégorie socio-professionnelle, le potentiel de vote pour ces deux personnalités est très similaire.
En termes de proximité politique on note néanmoins que Marine Le Pen dispose d’une légère avance auprès des sympathisants RN (93% contre 89% pour Jordan Bardella) tandis que les sympathisants Républicains se montrent davantage ouverts à l’idée de voter pour Jordan Bardella (36%) plutôt que Marine Le Pen (25%). Notons d’ailleurs au global que 21% des sympathisants LR indiquent qu’ils pourraient voter à la fois pour Marine Le Pen et pour Jordan Bardella, tandis que 14% d’entre eux indiquent pouvoir voter pour Jordan Bardella mais pas pour Marine Le Pen.
Les résultats de cette étude montrent bien qu’en dépit de la condamnation de Marine Le Pen et de responsables du RN, qu’en dépit d’une attitude virulente de ceux-ci à son issue, les deux dirigeants du Rassemblement National bénéficient non seulement du plus fort potentiel de vote mais que celui-ci s’avère être élevé. Nous aurons l’occasion, lors des prochaines vagues, de voir dans quelle mesure il évolue. Nous aurons également l’occasion d’identifier notamment de potentiels mouvements concernant des personnalités issues de la société civile.
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