Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 8 au 12 novembre 2024. Échantillon de 1 193 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).
Paris, le 2 décembre,
Toluna Harris Interactive et Séance Publique, rejoints par l’HEIP, ont lancé en septembre 2022 leur « Observatoire Parlement », une étude barométrique qui permet de comprendre comment les Français suivent et s’approprient l’actualité du Parlement, de ses textes et de ses forces politiques. Cette septième vague d’enquête, la première réalisée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, fait le point sur la perception des différentes forces à l’Assemblée nationale et la situation héritée des élections législatives de juillet 2024.
Que retenir de cette enquête ?
Des institutions perçues comme ayant une faible capacité de changer la vie des Français
Interrogés sur les institutions ayant la capacité de changer la vie des Français, les collectivités territoriales (60%), l’Assemblée nationale (57%), le Premier ministre (56%) et le Présidence de la République (55%) sont perçues comme celles ayant le plus cette capacité. À l’aune de sa récente dissolution, l’Assemblée nationale est un peu moins perçue comme capable de changer la vie des Français qu’il y a deux ans (-4 pts) tandis que les collectivités territoriales (+4) et le Premier ministre progressent (+5). Pour l’avenir, près d1 Français sur 2 (45%) souhaiterait que les collectivités territoriales aient plus de pouvoir, et plus d’1/3 (36%) c’est à noter en ce qui concerne les conférences de citoyens tirés au sort. 4 Français sur 10 penchent en revanche pour une moindre concentration du pouvoir à l’Elysée (39%, +3 par rapport à 2022, et une opinion partagée au sein de l’ensemble des familles politiques, à l’exception des proches de l’ancienne majorité présidentielle).
En ce début de législature les Français ont toujours une image mitigée des différents groupes parlementaires
À l’image des 6 mesures effectuées lors de la précédente législature, le travail des différents groupes parlementaires ne satisfait qu’une minorité de Français, une satisfaction qui tend de surcroît à diminuer de manière globale par rapport à la dernière mesure effectuée au mois de mars 2024. Alors que l’actualité parlementaire restituée par les Français est monopolisée par le vote du budget à l’Assemblée nationale et les débats qui en découlent, seuls quelques groupes parlementaires enregistrent une dynamique positive et en premier lieu le Rassemblement National (40%, +3 depuis mars 2024) qui demeure le groupe bénéficiant de la perception la plus favorable, devant la Droite Républicaine/Les Républicains (30%, stable). La perception des groupes de l’ex-majorité présidentielle se retrouve particulièrement touchée par la situation politique héritée de la dissolution : Horizons (28%, -5 pts), Renaissance (26%, -4 pts), ainsi que le Modem (22%, -3 pts) atteignent leur plus bas niveau de satisfaction depuis le début de la mesure. Le groupe des Insoumis, bien qu’en légère progression par rapport à mars 2024 (20%, +2), recueille toujours le plus faible niveau de satisfaction.
Comme lors de la dernière législature, les Français considèrent que l’opposition au gouvernement au sein du Parlement est le mieux incarnée par les parlementaires du Rassemblement National (40%, +2 et à son plus haut niveau le début de cette mesure), suivi par la France Insoumise (25). On note néanmoins un recul régulier de cette perception des Insoumis comme premiers opposants au gouvernement depuis un an (32% en avril 2023 contre 25% lors de cette mesure, soit un recul de 7 points), principalement au profit des parlementaires PS (12%, +5 pts depuis la dernière mesure), qui se placent en troisième position des groupes parlementaires s’opposant le mieux au gouvernement.
Les Français attendent une posture constructive de la part des différents groupes parlementaires, d’autant plus dans le contexte du vote du budget
À la différence de la précédente législature, la situation politique résultant des dernières élections législatives est majoritairement perçue par les Français comme négative, car ne permettant pas au gouvernement de faire adopter les lois et créant des situations de blocage (52%), à l’exception des sympathisants de La France Insoumise (61% estimant au contraire que c’est une bonne chose). Notons qu’en mars 2024, 43% des sympathisants Ensemble et 67% des sympathisants LR se satisfaisaient de la situation de majorité relative à l’Assemblée nationale. Ils ne sont que 30% et 36% satisfaits à l’heure actuelle de l’absence de majorité.
Interrogés sur la position que devraient adopter les députés vis-à-vis des propositions de loi portées par le gouvernement, les sympathisants des formations politiques constituant l’actuelle majorité (Renaissance et Droite républicaine/LR) apparaissent partagés quant à l’attitude à adopter face aux projets de loi du gouvernement, oscillant entre un soutien à tous les projets de loi pour une moitié d’entre eux et une évaluation au cas par cas des projets de loi du gouvernement pour une autre moitié. Concernant les sympathisants de formations politiques d’opposition, seule une minorité d’entre eux souhaitent néanmoins une opposition systématique de la part de leurs parlementaires, dans la lignée de ce que l’on observait lors des précédentes mesures, et se positionnent majoritairement pour que leurs députés examinent les propositions du gouvernement au cas par cas.
En ce qui concerne plus précisément le vote du projet de loi de finances actuellement débattu, 3/4 des sympathisants LR et Ensemble estiment que les députés de « leur » formation politique de référence devraient voter le budget, 1/4 se prononçant donc pour l’opposition à ce budget ou l’abstention. Notons que sur ce texte, 4 sympathisants du RN sur 10 estiment que les députés RN devraient voter le budget, rejoints par 1/3 des sympathisants socialistes et écologistes et même 3 sympathisants insoumis sur 10. Face à une potentielle situation de blocage institutionnelle, les Français se montrent donc plutôt favorables à une posture d’ouverture de la part de leurs représentants.
Dans la perspective de l’utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement de Michel Barnier pour faire adopter ses textes, une majorité de Français juge cela négativement (61%), un niveau similaire à celui mesuré lorsqu’Elisabeth Borne était Première ministre.
La perception des Français concernant spécifiquement l’utilisation du 49.3 dans le cadre du projet de loi de finances est plus négative encore (64% estimant que ce serait une mauvaise chose, dont 1/3 une très mauvaise chose). Les sympathisants Ensemble (61%) et LR (45%) se montrent davantage favorables par rapport à l’ensemble des Français mais de manière peu appuyée.
Moins de 6 mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, la perspective d’une dissolution l’été prochain est présente dans l’esprit des Français
Seulement 6 mois après la dissolution de l’Assemblée nationale à l’issue des élections européennes de 2024, plus de 4 Français sur 10 (44%) estiment que le Président de la République va exercer son droit de dissoudre l’Assemblée nationale à nouveau à partir de l’été prochain. Alors que cette question de dissolution était posée depuis octobre 2022, la part de Français estimant qu’Emmanuel utiliserait son droit de dissoudre l’Assemblée nationale n’avait jamais été aussi élevée. 1 Français sur 2 (51%) estiment même que le Président doit dissoudre l’Assemblée nationale l’été prochaine, une idée qui séduit tout autant les proches Ensemble (47% estiment que le Président doit dissoudre en juillet prochain) et LR (51%) que les sympathisants de formations politiques d’opposition.
Enfin, en demandant aux Français de se projeter vers de nouvelles les élections législatives, moins d’1 sur 2 (43%) souhaiterait voir Renaissance et ses mouvements alliés (MoDem, Horizons) obtenir une majorité relative ou absolue à l’Assemblée nationale, contre 56% souhaitant une nouvelle cohabitation. Une position largement partagée par l’ensemble des proches de formations politiques d’opposition et un niveau de défiance qui n’avait été atteint qu’en avril 2023 lors des précédentes mesures, à l’issue de la promulgation de la réforme des retraites.
On note par ailleurs qu’à l’heure actuelle seuls 1/3 des proches de l’ancienne majorité présidentielle (37%) souhaiteraient que leur formation obtienne une majorité absolue à l’Assemblée nationale, un faible niveau et jamais atteint lors des précédentes mesures.
Dans un contexte marqué par les débats budgétaires et un gouvernement de Michel Barnier particulièrement fragilisé, cette enquête nous montre des Français toujours attachés à ce que les parlementaires adoptent une attitude constructive dans le vote des lois.
Moins de 6 mois après les dernières élections législatives la perception des différents groupes parlementaires ne se trouve pas bousculée, ceci étant, les Français se projettent déjà en majorité dans une nouvelle dissolution à partir de l’été prochain et, peut-être, une nouvelle cohabitation.