Enquête réalisée en ligne du 25 au 28 octobre 2024. Échantillon de 1018 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région.
Paris, le 20 novembre,
A la demande du groupe parlementaire de la France Insoumise, Harris Interactive a interrogé les Français sur plusieurs mesures qui seront présentées par le groupe LFI à l’Assemblée nationale dans le cadre de sa niche parlementaire 2024.
Que retenir de cette enquête ?
Dans l’ensemble, la majorité des mesures testées recueillent l’approbation d’une majorité de Français, à la fois chez les sympathisants des différentes formations politiques de gauche mais également auprès des proches des autres partis de l’échiquier politique. Dans le détail :
- Les Français se montrent largement favorables à plusieurs mesures afin de réduire le coût des produits énergétiques pour les Français : le fait de fixer les prix de l’électricité en fonction des coûts de production du système électrique français et non plus des prix du marché de l’électricité (87%), le blocage des prix des produits énergétiques en France métropolitaine (86%) et l’encadrement des marges réalisées par les activités de raffinage de pétrole (85%). Alors que des mouvements contre la vie chère touchent les départements d’Outre-mer en ce moment même, 7 Français sur 10 se déclarent favorables au fait de fixer le prix des produits énergétiques à un niveau inférieur à ceux de la France métropolitaine. Des mesures accueillies favorablement auprès de l’ensemble des familles politiques.
- Plus de 8 Français sur 10 (85%) se disent favorables à une loi visant à mieux reconnaitre la pénibilité de certains métiers dits « féminisés » (dans le domaine du handicap, du soin ou encore de l’éducation), et en matière de santé, près de 8 Français sur 10 (79%) accueillent favorablement la proposition de régulariser des praticiens et pharmaciens venus de pays non-membres de l’Union européenne, pour autoriser, provisoirement et au cas par cas, ces praticiens à exercer dans des structures de santé qui en auraient besoin. Des propositions bien accueillies auprès de l’ensemble des formations politiques.
- Autre sujet de société, 8 Français sur 10 estiment que la définition par la loi d’un viol ou d’une agression sexuelle devrait intégrer la notion de consentement de la victime. Notons que cette opinion traverse les classes d’âge (avec une opinion positive plus marquée auprès des 35 à 64 ans) et les familles politiques. Si les femmes (84%) se montrent un peu plus en faveur de cette notion, les hommes s’y déclarent également très majoritairement favorables (79%).
- Près de 8 Français sur 10 (78%) se déclarent favorables à la création d’un référendum d’initiative citoyenne permettant de révoquer les élus. Une proposition très largement soutenue auprès des sympathisants de gauche (la France Insoumise : 93% ; PS : 74% ; Ecologistes : 78%), mais également à droite et au RN (LR : 78% ; RN ; 85%). Si les sympathisants de l’ancienne majorité présidentielle se déclarent plus partagés à ce sujet, notons qu’ils ne se montrent pas complètement opposés à cette idée (57% de favorables).
- Plus de 7 Français sur 10 se déclarent favorables à l’abrogation du report de l’âge légal de la retraite à 64 ans pour revenir à 62 ans (71%). Notons que ce soutien à l’abrogation de la réforme est en légère baisse depuis la mesure de l’année passée (74%), bien que toujours majoritaire. Une proposition largement soutenue par les sympathisants des formations politiques de gauche (LFI : 85%, PS : 73%, Ecologistes : 90%) et par ceux du Rassemblement national (77%).
- Près de 7 Français sur 10 estiment qu’il devrait y avoir un écart de rémunération maximum entre un dirigeant d’entreprise et le plus faible salaire de la structure, un soutien en hausse depuis la mesure que nous avons effectuée en juillet 2023 (59%, +10 points). Notons que cette proposition est accueillie favorablement à gauche mais également à droite et au centre (73% des sympathisants Ensemble s’y montrent favorables, 71% des sympathisants LR). Dans le détail, parmi ces Français favorables, les 2/3 d’entre eux souhaiteraient que ce rapport maximum soit de 1 à 5.
D’autres mesures reçoivent également le soutien d’une majorité de Français, mais de manière un peu moins prononcée :
- En matière d’école, 2 Français sur 3 indiquent être favorables à un conditionnement du financement par l’Etat des établissements scolaires privés sous contrat à des objectifs de mixité sociale (c’est-à-dire que si la mixité sociale constatée dans un établissement privé est inférieure à la moyenne de ce qui est mesuré pour les établissements publics du même secteur le financement de l’établissement pourra être diminué). Une opinion majoritairement partagée au centre, à droit et plus largement encore à gauche. Seuls les sympathisants RN se montrent plus partagés sur la question (53% favorables).
- Alors que certains projets en France cristallisent les oppositions, 2 Français sur 3 se déclarent favorables à une loi visant à instaurer un moratoire sur les projets routiers et autoroutiers (ce qui signifierait la suspension pour une durée de 10 ans des projets de création d’autoroutes et celles en cours de construction). Un soutien à ce moratoire particulièrement prononcé auprès des sympathisants LFI (80%), PS (73%) et Ecologistes (69%).
- Interrogés sur le principe d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (qui n’est pas encore adopté), les Français s’y montrent dans l’ensemble plutôt opposés (52%), tandis que 1/3 s’y montre favorable et 15% n’exprime pas d’avis. L’opposition à cet accord traverse également toutes les familles politiques. Rappelons que les Français se déclaraient l’an dernier divisés sur le principe de l’accord de libre-échange qui venait d’être adopté entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande (40% favorable, 38% opposé et 22% ne se prononçant pas).
- Enfin, les Français étaient interrogés sur la décision du Président de la République, Emmanuel Macron, de nommer Premier ministre une personnalité qui n’avait pas été proposé par le Nouveau Front populaire, la force politique arrivée en tête des élections législatives le 7 juillet dernier. Il leur était ainsi demandé si cette décision constituait ou non « un cas de manquement manifestement incompatible avec l’exercice des fonctions de Président de la République », c’est-à-dire un motif de destitution du Président de la République. Une courte majorité de Français ont répondu par l’affirmative à cette question (54%), tandis que 44% estiment qu’il ne s’agissait pas d’un motif de destitution. Notons que les sympathisants Insoumis soutiennent très largement cette affirmation (84%), ainsi que les sympathisants Ecologistes (68%), socialistes (60%) et ceux du RN (60%), mais dans une moindre mesure.