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Les Français dans leur quartier – Vague 3

Enquête réalisée en ligne du 8 au 16 janvier 2024. Enquête administrée auprès de 2 échantillons : un échantillon de 1 014 personnes représentatif de la population vivant en France âgée de 18 ans et plus ; un échantillon de 700 personnes représentatif des personnes âgées de 18 ans et plus résidant en Quartier Prioritaire de la politique de la Ville (QPV). Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e). Les rappels font référence aux deux vagues d’enquête précédentes du baromètre, réalisées en juin 2021 puis en septembre 2022.

 Paris, le 8 février,

L’année dernière, l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) fêtait ses 20 ans. Inauguré en 2003, cet organisme finance et accompagne la transformation de quartiers de la Politique de la ville partout en France. À la demande de l’ANRU, Harris Interactive a lancé en 2021 une enquête barométrique auprès des Français, avec l’objectif de recueillir leurs perceptions et leur sentiment vis-à-vis de leur lieu de vie et de leur environnement proche : leur commune, leur quartier, leur logement. A chaque vague d’enquête, deux échantillons complémentaires sont interrogés simultanément pour être comparés : un échantillon représentatif de l’ensemble de la population française et un échantillon représentatif des habitants des quartiers prioritaires de la Politique de la ville (QPV). Après une deuxième vague d’enquête conduite à l’été 2022, le dispositif vient d’être reconduit en début d’année 2024. Cette troisième vague d’enquête porte un double objectif. D’une part, il s’agit de mesurer comment a évolué le regard des Français (et en particulier chez les habitants de QPV) sur leur quartier par rapport aux précédentes enquêtes, avec un recul de plus de 2 ans. D’autre part, d’amener les habitants à dresser le bilan des grandes évolutions de leur quartier au cours des dernières années : quels ont été les principaux changements de leur quartier ? la situation s’est-elle plutôt améliorée ou dégradée au cours des années passées ? Des questions qui permettent notamment de mesurer l’impact perçu des rénovations réalisées dans le cadre du programme national de rénovation urbaine chez les personnes concernées.

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Que retenir de cette enquête ?

Une satisfaction vis-à-vis du lieu de vie qui reste stable dans le temps

D’une manière générale, les Français se montrent largement satisfaits de leur lieu de vie, comme c’était déjà le cas lors des précédentes enquêtes. 87% se disent satisfaits de vivre dans leur commune, 88% dans leur quartier et 90% dans leur logement. Ces niveaux de satisfaction s’avèrent comme par le passé plus faibles dans les QPV, mais restent néanmoins nettement majoritaires : 83% des habitants de QPV se montrent satisfaits d’habiter dans leur commune, 76% dans leur quartier et 84% dans leur logement. S’il existe des disparités selon les tailles d’agglomérations, on observe toujours une satisfaction moins forte dans les QPV : par exemple, dans les agglomérations de taille moyenne[1], les habitants des QPV sont légèrement moins satisfaits de vivre dans leur quartier que les autres (3 points de moins en moyenne). Un décalage encore plus grand dans les grandes agglomérations[2] (11 points d’écart) ou l’agglomération parisienne (12 points d’écart). Ces niveaux de satisfaction, dans l’ensemble du territoire comme dans les QPV, restent relativement stables par rapport aux années précédentes. Néanmoins, on peut noter une légère baisse du nombre d’habitants « très satisfaits » : ainsi, quand ils étaient 43% en 2021, désormais seuls 37% des Français indiquent être très satisfaits de vivre dans leur quartier, une baisse également visible dans les QPV (31% en 2021 contre 26% en 2024).

Une image du quartier qui s’améliore, particulièrement chez les habitants de QPV

Satisfaits de leur lieu de vie dans la majeure partie des cas, les Français jugent volontiers que la situation est globalement bonne dans leur commune (86%) ou leur quartier (89%). Là encore, les habitants des QPV sont un peu moins unanimes : 81% sont de cet avis à propos de leur commune et 75% à propos de leur quartier. Aussi, lorsqu’on demande aux répondants de comparer la situation de leur quartier par rapport à la moyenne des autres territoires en Francel’écart de perception reste très fort. Dans la population générale, 49% estiment que la situation de leur quartier est meilleure que la moyenne et 15% pensent le contraire… des proportions bien différentes dans les QPV, où les habitants sont partagés (respectivement, 34% et 35%).

Néanmoins, les jugements favorables sur la situation du quartier progressent par rapport aux précédentes mesures, particulièrement dans les QPV. Ainsi, on note une hausse de 5 points depuis 2021 sur l’évaluation de la situation du quartier chez l’ensemble des Français, tandis qu’elle est de 7 points parmi les habitants de QPV.  Et dans les QPV encore plus qu’ailleurs, de plus en plus d’habitants portent un jugement positif sur la situation de leur commune ou de leur quartier lorsqu’ils le comparent à d’autres territoires en France.

Ainsi, si l’image globale du quartier reste moins favorable dans les QPV qu’ailleurs en France, celle-ci semble connaître une amélioration significative depuis ces dernières années, une évolution qui pourrait être attribuée aux politiques menées dans ces quartiers, parmi lesquelles les programmes de rénovation urbaine.

Une image positive des PNRU chez l’ensemble des Français, mais contrastée auprès des  habitants directement concernés

Comme l’an dernier, plus de 7 Français sur 10 indiquent avoir déjà entendu parler du PNRU, et plus de 8 sur 10 parmi les habitants de QPV. La majorité des Français (64%) estiment que les programmes de rénovation urbaine ont un effet positif sur les conditions de vie des habitants et seuls 8% formulent un avis négatif. Dans les QPV, les jugements favorables sont tout aussi majoritaires (62%), mais ceux défavorables sont légèrement plus importants qu’ailleurs (18%), signe que la perception du PNRU est plus contrastée dans ces territoires. Dans le détail, parmi les habitants de QPV, ce sont les jeunes qui sont les plus divisés à propos du PNRU.

Dans leur quartier, les habitants des QPV rapportent nettement plus d’évolutions, bonnes comme mauvaises, au cours des dernières années

Interrogés sur les évolutions visibles dans leur quartier depuis leur arrivée, les habitants de QPV rapportent le plus souvent de nouvelles constructions et des travaux de rénovation. Ils mentionnent également les espaces verts – en développement pour certains, en baisse pour d’autres, de même que les problèmes d’insécurité. Par rapport aux habitants de QPV, les habitants d’autres territoires mentionnent plus souvent n’avoir perçu aucun changement notable. Ainsi, les QPV sont vécus par leurs habitants comme des quartiers en mutation, nettement plus que les autres territoires.

Aujourd’hui, dans plusieurs domaines, les habitants de QPV apparaissent moins souvent satisfaits que la moyenne des Français de leur quartier : les espaces verts, les logements, la sécurité, la propreté, la circulation et le stationnement des voitures, ou encore la cohésion sociale sont autant de domaines où l’on observe un fort décalage (plus de 10 points) entre les taux de satisfaction dans les QPV et ceux observés en moyenne en France. Néanmoins, cet écart ne s’observe pas sur tous les domaines : ainsi, les services publics de proximité, la garde d’enfants, la diversité des commerces, l’offre culturelle, l’offre de soins, ou l’accès à l’emploi sont des domaines qui suscitent une satisfaction égale que l’on habite en QPV ou non. Et les transports en commun apparaissent même plus satisfaisants dans les QPV qu’ailleurs. D’une manière générale, l’ensemble des domaines cités suscitent la satisfaction d’une majorité des habitants de QPV (au moins 6 habitants sur 10 et jusqu’à 8 sur 10).

Par rapport à la moyenne des Français, les habitants de QPV ont davantage le sentiment d’une amélioration au cours des dernières années pour chacun des aspects cités… mais ils sont également plus nombreux à faire un bilan négatif. Dans les QPV, les transports en commun (48%), les espaces verts et la nature (45%), ainsi que l’offre d’activités sportives (44%) figurent parmi les domaines les plus souvent perçus comme s’étant améliorés au cours des dernières années. Au contraire, parmi les domaines pour lesquels le sentiment de détérioration est plus fréquent qu’un sentiment d’amélioration, figurent la circulation des voitures, la propreté, la cohésion sociale ou encore la sécurité.

Plus globalement, les habitants de QPV dressent un portrait de leur quartier différent de celui que font les habitants d’autres territoires. En effet, ils qualifient bien plus volontiers leur quartier de « populaire » (46%) que la moyenne des Français (26%). Par ailleurs, ils ont davantage le sentiment (65%) que leur quartier fait l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics que l’ensemble de la population (53%), soit une différence de 12 points. Une différence plus importante dans les agglomérations de taille moyenne (19 points) et dans les grandes agglomérations (18 points) que dans l’agglomération parisienne (8 points). Toutefois, concernant les écoles publiques de leur quartier, en QPV comme ailleurs, les Français portent un jugement plutôt favorable ; peu de différences sont à observer sur cette question même si les avis sont un peu plus contrastés dans les QPV qu’ailleurs.

La rénovation énergétique des bâtiments au cœur des attentes des habitants pour l’avenir de leur quartier

Interrogés sur les priorités pour l’avenir de leur quartier, les Français placent la rénovation énergétique des bâtiments en tête de classement. 72% d’entre eux la considèrent comme prioritaire, devant la création/rénovation des voies de circulation (60%), la rénovation des espaces piétons (59%), ou encore le développement d’espaces verts (56%). Dans les QPV, toutes ces propositions paraissent davantage prioritaires dans l’absolu. La hiérarchie des priorités reste similaire, avec les rénovations énergétiques en tête devant les autres types de travaux (82%). Toutefois, on accorde dans les QPV une importance encore plus forte qu’ailleurs aux espaces verts (74%, +18 points par rapport à la moyenne) et à la démolition de logements dégradés pour en reconstruire de plus adaptés (72%, +22 points).

Le logement, une charge lourde dans le budget et des difficultés fréquemment rencontrées

Logement, énergie et alimentation constituent les trois premiers postes de dépenses rapportés par les Français, dans les QPV comme ailleurs. Néanmoins, le logement apparaît dans les QPV encore plus nettement qu’ailleurs devant les autres postes de dépenses : 35% des habitants le citent comme leur premier poste de dépense, loin devant les dépenses d’énergie (19%) ou l’alimentation (19%). Par comparaison, en moyenne 32% des Français citent le logement comme premier poste de dépense, 26% les dépenses d’énergie et 25% l’alimentation.

Lourde charge dans le budget des Français, le logement est également sujet à de nombreuses difficultés du quotidien : ainsi, 43% de la population indique avoir déjà été confronté à une température trop élevée dans leur logement pendant l’été, 40% à une température trop basse pendant l’hiver, et 34% à une mauvaise insonorisation. Les problèmes liés aux nuisibles, souvent évoqués dans l’actualité au cours des derniers mois, ne sont rapportés que par une faible part de la population (12%). Ces divers problèmes liés au logement semblent davantage rencontrés dans les QPV qu’ailleurs, puisque 85% des habitants de QPV indiquent avoir déjà été confrontés à au moins l’un des 5 enjeux évoqués, contre 65% en moyenne en France.

Si l’alimentation apparaît moins fréquemment comme le premier poste de dépense dans les QPV qu’ailleurs, cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne pèse pas lourdement sur le budget des habitants de QPV, qui indiquent davantage avoir dû faire des économies en termes d’alimentation. Par exemple, 76% d’entre eux indiquent avoir déjà mangé des aliments de moins bonne qualité que d’habitude (contre 61% dans la population générale). Et 63% indiquent avoir déjà sauté un repas pour faire des économies, contre 39% dans la population générale.

Un souhait de déménager nettement plus fort dans les QPV qu’ailleurs

Moins satisfaits de leur logement que la moyenne des Français, et davantage confrontés aux diverses difficultés évoquées, les habitants de QPV expriment plus souvent le souhait de déménager. 62% des habitants de QPV souhaiteraient changer de logement, contre 41% dans l’ensemble de la population. Aussi, quand 30% des Français se montrent ouverts à l’idée de changer de quartier, ce chiffre atteint 51% parmi les habitants de QPV. Cependant, le profil des aspirants au déménagement semble similaire que l’on habite en QPV ou pas, et dans les QPV comme ailleurs, ce sont surtout les moins de 35 ans et les catégories aisées qui souhaitent le plus déménager.

Des réflexes de sobriété en baisse ?

Les réflexes en termes de sobriété énergétique sont aujourd’hui largement répandus chez les Français – au moins dans leurs déclarations. Par exemple, 85% d’entre eux indiquent avoir déjà limité leur consommation d’eau chaude pour faire des économies, dont 59% indiquent le faire régulièrement. 81% déclarent avoir déjà baissé la température chez eux quitte à avoir un peu froid, dont 55% indiquent le faire régulièrement. Enfin, pas moins de 73% indiquent avoir déjà limité leurs déplacements pour faire des économies, dont 44% indiquent le faire régulièrement. Des chiffres élevés, qui accusent cependant une légère baisse par rapport à ceux recueillis l’an dernier, lors de l’été 2022. Toutefois, cette tendance à la baisse s’avère moins marquée dans les QPV qu’en moyenne en France. Dans tous les cas, l’aspect environnemental apparaît nettement comme une des raisons de ces efforts, au moins autant dans les QPV qu’ailleurs. Qu’il s’agisse de limiter sa consommation d’eau chaude, de baisser la température chez soi, de consommer davantage sur les heures creuses ou de limiter ses déplacements, près de 4 personnes sur 10 ayant adopté ces comportements indiquent que l’aspect environnemental a « beaucoup compté » dans cette décision.

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